La première fois que je la vis, je ne l'ai pas trouvé belle. Je revins la voir plusieurs fois, plusieurs jours, et il me fallut cela pour la comprendre, ne serait-ce que pour pouvoir présenter de belles photos, car l'auto était affreuse sur mes premiers clichés. Au premier abord, je n'avais retenu que l'arrière, tronqué, net, brutal, mais pourtant doux grâce à ses inédits feux en forme de boomerang. Imaginez l'auto avec 4 feux ronds, et qu'il n'y aurait que le pare-chocs pour dire qu'elle n'est pas des années 60. Ce mélange de nostalgique et de novateur me plaisait, mais je trouvais l'avant trop simple, il me manquait l'exubérance d'une 275 GTB4 ou d'une Corvette pour qu'elle me séduise, et sans doute possède-je trop bien dans ma mémoire le souvenir des fabuleuses Bora et Khamsim (2 des plus belles GT des années 70), car même après avoir eu une aventure avec elle, je reste insensible au charme de sa beauté sobre, et il n'est alors que la fougue de sa mécanique pour me plaire, dans cette auto.

Les ingénieurs qui ont procédé à la conception de cette Maserati sont ceux qui ont réalisé la Ferrari 550 Maranello, le système de contrôle de traction (l'ASR), le volant et d'autres petites choses sont ainsi communes aux deux modèles, il faut d'abord les féliciter pour avoir eu le bon sens de réaliser une vraie 2+2. Les places avant sont très confortables, même pour le conducteur de 1.90 m que je suis, et celles de l'arrière sont plus que suffisantes. Je fus par contre surpris de trouver un léger placage de bois sur la console, il en aurait fallu également au tableau de bord et sur les portières, ou alors ne pas en mettre, car dans une telle omniprésence de cuir, ce petit bout de bois semble perdu et incongru. Mettons alors vite le contact pour l'oublier.

Là, j'ai été charmé. Cette auto a un ralenti nerveux, excitant, aguicheur, comme s'il y avait Sharon Stone sous le capot. A tous les régimes, le bruit de la bête évoque le meilleur lignage, et dans les plus hauts régimes: il a l'éxubérance d'un tigre d'Afrique quand il passe devant trois tigresses indiennes, ce qui est rare. Autant dire qu'à bord on ne s'ennuie pas, car les sensations auditives sont couplées avec d'autres, plus physiques. Le collage au siège dans les accélérations est puissant et donne la chair de poule aux passagers qui ne sont pas habitués à pareile fête, quelque soit soit le rapport d'une boite qui en compte 6 (c'est la même que sur la BMW M3). On s'étonne bien sûr de l'absence d'une boite automatique, que la clientèle de ce type de coupé ne manquerait pas d'apprécier, mais le plus gênant est qu'il ne nous semble pas que le développement de cette auto soit terminé. Aucune Maserati ne sera importé en Amérique avant au moins 18 mois, et la tâche dévolue au marché européen pendant ce laps de temps est d'essuyer les plâtres. L'auto possède déjà un grand charisme, mais certains défauts (réponse à l'accélérateur irrégulière, tressautements dans la suspensions sur les raccords de bitume, direction inconstante) ne sont impardonnables sur une auto de ce prix. Sauf si vous tombez amoureux.

Modèles concurrents:

    Chevrolet Corvette;

    Jaguar XK8;

    Mercedes SL;

    Porsche 911 Carrera 2.

    Porsche 911 Carrera 4.

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