CarOrder, une très prétentieuse start-up qui voulait révolutionner la distribution automobile, va surtout révolutionner la vie de ses ex-employés maintenant qu'ils vont devoir se trouver un nouveau boulot. Mais Amazon entre en scène, et les concessionnaires Ford se jettent eux aussi dans l'arène.

    Il y a désormais pléthore de sites aux USA pour proposer de vendre des voitures en ligne, mais absolument aucun ne gagne de l'argent. Les 2 plus gros, Autobytel et Autoweb sont côtés en bourse, tous leurs documents comptables sont donc accessibles aux investisseurs, mais si je prend à témoin le cours de leurs actions, au plus bas depuis plusieurs mois, ils ne doivent pas recéler grand chose d'excitant. Ce ne fut donc pas une surprise pour moi que l'un d'entre eux, CarOrder en l'occurence, l'un des plus récents, mette la clé sous la porte. Il ne devrait d'ailleurs pas être le seul...

    CarOrder avait ouvert son site en Novembre dernier, plus d'un an après que la société se soit formée (!), et ambitionnait de séduire les automobilistes par la mise en ligne de tout le processus de vente, et son accessibilité en quelques clics. La société a reçu en 2 ans plus de 100 millions de dollars d'investissements pour cela, mais les acheteurs n'ont pas suivi... Les premiers licenciements ont débuté en silence au cours du mois de mai, ils sont maintenant plus de 100 (sur 140) à avoir quitté l'entreprise, et le site a été coupé vendredi dernier (y a t-il un paradis pour les sites web qui meurent au fait ?). La société espère malgré tout se refaire une santé en récupérant des concessions déficitaires, et en les transformant en concessions électroniques hautement profitables. Si quelqu'un veut tenter le coup en France...

    Pourtant, ils sont nombreux à croire que la distribution automobile par Internet est promis à un bel avenir, il y a en a même qui disent que l'échec de CarOrder tient à une sous-capitalisation (ils n'avaient que 100 millions de dollars!), un nouveau venu ne devrait pas souffrir de ce problème. J'avais bien noté qu'Amazon (le fameux vendeur de livres, CD, vidéo, etc... ) avait acquis de nouveaux noms de domaine en juin dernier (caramazon.com par exemple), tous liés à l'automobile, mais personne ne s'attendait à une mise en ligne aussi rapide! Qu'Amazon ai pris un associé explique cela. Greenlight.com (Feuvert) est un service qui collaborre avec des concessionnaires, en dirigeant vers eux les demandes de ses clients, selon le modèle établi par Autobytel en 1996, mais qui tente de s'en distinguer par la meilleure qualité de ses requêtes. Je ne sais pas trop ce que cela signifie concrètement, mais j'imagine par contre très bien l'afflux considérable (en terme de traffic, de requêtes et d'emails) que peut générer un lien proéminent sur le premier site commercial du monde.

    Amazon a déjà acquis 5% du capital de Greenlight, et depuis l'annonce de l'accord, Greenlight a déjà pu trouver sans peine 39 millions de dollars de capital frais (être associé avec Amazon ouvre des portes, merci!), et le premier objectif de l'entreprise sera l'amélioration de sa couverture géographique par l'association avec de nouveaux concessionnaires. La rentabilité de la nouvelle entreprise reste donc entièrement à prouver, et je rappelle qu'un marchand de frites dans une estafette fait plus de bénéfices qu'Amazon en dépit de ses 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires, mais une chose semble claire : si quelqu'un peut gagner de l'argent en vendant des voitures sur le web, personne n'a de meilleures cartes en main qu'Amazon. Sinon peut-être des concesionnaires eux-mêmes, et il faudra donc suivre aussi les résultats de FordDirect.com, un site web de vente auto en ligne financé et géré par les 4200 concessionnaires du réseau Ford USA. Ils n'ont pas l'expérience du web, mais ils ont l'expérience de la vente auto. C'est déjà beaucoup.