Une nouvelle Rolls-Royce! Succédant à la Silver Spirit présentée en 1980 qui elle-même succédait à la Silver Shadow de 1965, chacun comprend qu'il s'agit d'un évenement, et nous étions impatients, au salon de Genève, de découvrir le nouveau modèle. Nous ne furent pas déçus, personne d'autre non plus d'ailleurs. Si à la présentation de la Silver Shadow, plusieurs la disaient ressembler à une grosse Peugeot 403, tandis que la Silver Spirit avait été qualifiée de "Chevrolet Impala modèle 1972 toute bouffie" par un de nos méchants confrères, nous n'avons entendu aucun criticisme cette fois-ci. Et c'est alors nous qui nous permettrons une critique: les feux arrières centraux nous semblent trop massifs, mais cela mis à part, le profil de l'auto est admirable. Il évoque clairement les Silver Cloud 3 carrosserie Mulliner, et c'est un plaisir de constater que les designers anglais ont su si habilement lier ce clin d'oeil au passé avec un ensemble moderne.

La modernité, elle se voit à la calandre, qui n'a jamais été si peu imposante, au pare-brise, enfin moins droit, et bien sûr: à la mécanique. Cette Rolls-Royce n'a plus un moteur Rolls-Royce mais BMW, est-ce sacrilège? Certainement pas. Rolls-Royce n'a jamais fabriqué de boites de vitesses automatiques, ni de système de freinage ABS, et encore moins de turbocompresseurs. Pour chacune de ces pièces, la firme se fournissait à l'extérieur, respectivement chez GM, Bosch et Garett. Et personne ne doit s'alarmer qu'une pièce de plus (même si cette pièce est le moteur) soit faite par un sous-traitant. Une voiture de luxe d'aujourd'hui est devenue un ensemble si sophistiqué qu'il en est assimilable à une cathédrale, dont le moteur est la clef de voûte, certes, mais n'est pourtant qu'un élément pris au milieu d'autres. En fait c'est même une rationalisation car BMW fournit aussi la boite de vitesses et plein d'autres petites choses. Nous n'avons pas pu conduire l'auto pour en vérifier le silence de marche (ils n'avaient pas de voiture d'essai, sans doute est-ce vulgaire), nous dûmes nous contenter de nous y asseoir (très facile car la Silver Seraph est plus haute qu'une voiture ordinaire), pour constater l'omniprésence de bois, même sur le volant, ce qui est nouveau sur une Rolls-Royce; et que l'affirmation qu'il faut douze vaches pour fournir tout le cuir nécessaire à une Rolls-Royce doit être vraie: il y en a partout. Nous étions assis haut et droit, nous nous sentions bien. Voyager en Silver Seraph? Nous en rêvons, pas vous?

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